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Live reports / 07.11.2014

Bror Gunnar Jansson + Lisa and the Lips

Grimper la rue des Martyrs pour aller découvrir sur scène le petit phénomène suédois programmé en première partie du combo rock'n'soul aux origines californienne était une chouette façon d'attaquer la semaine.

L'homme-orchestre Bror Gunnar Jansson était donc de passage à Paris pour délivrer ce “raw blues” de son cru dont on entend de plus en plus parler depuis son passage sur un célèbre plateau téloche (Le Grand Journal, sur Canal +) et quelques louanges dans la presse musicale et généraliste.

C'est armé d'une 6-cordes électrique vintage, d'une grosse caisse-plus-charleston reliée au pied droit et d'une caisse claire pour le gauche que notre homme au look délicieusement rétro atterrit sur scène. Une fois installé derrière son attirail, une fois faites les présentations dans un anglais à l'accent nordique et une retenue – ou timidité peut-être – très européenne, c'est un autre animal auquel on est confronté. Blues primitif et hurlements façon Howlin' Wolf alternent avec des ballades où la voix du frère (“bror”) Jansson se fait plus écorchée, plus sombre. Les titres s'enchaînent, ils sont généralement assez brefs et d'une efficacité qui capture adroitement le public du Divan du Monde.

Dans le genre, on a d'ailleurs droit à une chouette reprise de Mystery train. Joué à un tempo plutôt inhabituel, le titre fait mouche et toute la salle siffle sa bière d'un trait en prévision de la prochaine envolée. Il y en aura encore quelques-unes, qui me rappelleront Screamin' Jay Hawkins (les moues hurleuses) et Bob Log III (la configuration rythmique), pour n'en citer que deux.

Au final un set assez différent de ce qu'on entend sur son album (“Moan Snake Moan”) et qu'on aurait bien voulu voir s'étendre au-delà de la petite heure qui nous a été servie. À revoir bientôt, à l'occasion d'une “vraie” sortie d'album (dans les bacs) prévue début décembre.

 

 

Quant à la deuxième partie de soirée, elle impose un changement quelque peu radical. D'un seul et unique type sur scène on passe à huit et une fille : Lisa and the Lips ont monté le son des amplis pour un show 10 % soul, 10 % funk et 80 % rock.

 


Lisa and the Lips

 

 

Si la plantureuse vocaliste Lisa Kekaula et son acolyte guitariste Bob Vennum (piliers des BellRays) semblent avoir attentivement regardé les prestations d'Ike & Tina des années fastes, les chevelus qui les accompagnent ont par contre l'air de vouer un culte aux MC5 ! Résultat des courses, un concert d'une énergie sans faille, avec quelques sympathiques moments comme le live peut en offrir, mais qui musicalement a très rapidement tourné à la bouillie de décibels. Un mur du son qui mine de rien avait l'air de plaire à l'auditoire, bien enclin à jouer le jeu. Tant mieux pour eux, tant pis pour mes tympans.

Texte et photos : Jules Do Mar