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Live reports / 12.05.2014

Martha Reeves

Malgré un week-end prolongé, le New Morning est mieux que bien rempli pour la première visite parisienne en quelques décennies – l’intéressée elle-même ne se souvient plus de son dernier passage – de l’une des artistes les plus emblématiques de la première décennie Motown.

En ouverture, c’est Larry Crockett, membre de son orchestre depuis plus de vingt ans, qui assure la première partie. Installé en France où il s’est créé une belle réputation en tant que batteur (entendu notamment  avec Eric Bibb, Popa Chubby et Liz McComb), c’est cependant en tant que chanteur, avec des titres extraits de son album personnel, qu’il se présente. À défaut d’être un chanteur exceptionnel, il assure le show et réussit à faire chauffer une salle qui de toute façon ne demande que ça, au point même de devoir assurer un rappel !

 


Larry Crockett

 

Après un court entracte, Larry Crockett retrouve sa place derrière les fûts, et c’est au tour de Martha Reeves, armé de son traditionnel tambourin, de monter sur scène, sans Vandellas contrairement à ce qui avait été annoncé. Disons le tout de suite : conformément à la rumeur venue d’Angleterre, où elle se produit régulièrement, la diva, âgée de 72 ans, a totalement perdu sa voix et l’a remplacée par un chant chevrotant, reposant sur d’étranges montées, peu maîtrisées, dans des aigus plus qu’approximatifs.

 


Martha Reeves

 

Malgré tout, et avec un petit effort, on peut trouver un certain plaisir à sa prestation : accompagnée d’un excellent orchestre cuivré dirigé par Crockett, qui bénéficie d’arrangements de qualité reproduisant le son des disques originaux, elle se plonge dans un répertoire bien choisi mêlant les tubes inévitables – Jimmy Mack, Come and get these memories, I’m ready for love, Heatwave… – et quelques surprises bien choisies comme My baby loves me ou le blues Watch your back, extrait de son dernier album, entrecoupé d’anecdotes amusantes – comme les allusions à « quelqu’un dans les Supremes » qui a obtenu que Holland-Dozier-Holland écrive pour le trio au lieu du groupe de Martha ! Et on oublie tout, ou presque, quand retentit l’extraordinaire introduction de Dancing in the street, après que Martha Reeves ait listé une bonne partie de ceux qui lui ont ensuite emprunté la chanson…

Frédéric Adrian
Photos © Stella-K