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Live reports / 26.04.2012

CHARLES BRADLEY & HIS EXTRAORDINAIRES

 


Qui se souvient encore du timide Charles Bradley débarquant il y a quelques années à Paris dans le sillage du tout puissant Lee Fields ? Pas très à l’aise sur scène, caché derrière des lunettes noires, réservé en interview, Bradley n’avait à son compteur que quelques titres gravés chez Daptone mais surtout celui gravé pour Dunham : The world (Is going up in flames). Un 45-tours en forme de diamant superbement produit par un Tom Brenneck qui allait devenir pour lui ce que Gabe Roth est à Sharon Jones : un producteur-mentor à son service et dont il tirera le meilleur.


Depuis, l’ami Charles a enrichi son palmarès d’un album mais a surtout enchaîné les tournées à travers le monde en compagnie de Menahan Street Band, du venimeux Budos Band ou de son actuel backing-band, ses Extraordinaires. Devenu The Screaming Eagle Of Soul, Bradley débarquait à Paris le 26 avril pour son deuxième concert en moins d’un an (le dernier se tenait à La Maroquinerie en juillet 2011), toujours cornaqué par Brenneck et rythmiquement propulsé par un batteur qui allait remettre son instrument à l’état de kit à force de cogner.


Sans bouleversement majeur dans le set-list pour qui vient le voir pour la deuxième, troisième ou quatrième fois, le show de Charles et ses Extraordinaires a, en plus de la qualité indéniable des forces musicales en présence, le mérite d’être de plus en plus maîtrisé. Car Bradley fonctionne sur la bonne vieille règle du donnant-donnant : plus le public répond, plus il donne de lui-même. Et sans compter. Majoritairement soul, il hurle du plus profond de son cœur, emprunte à l’immortel Godfather Of Soul quelques trucs qui ont fait leurs preuves en leur temps (costumes improbables, pied de micro valseur, genou à terre, ondulations et pas de danse robotiques) et redégaine même This love ain’t big enough for the two of us, un vieux pruneau funk enregistré au début des années 2000 en compagnie de The Bullets, une partie des futurs Budos Band.


Charles Bradley, 99 % d’amour et 1 % d’eau dont à la fin du concert il ne reste plus une goutte tant le bientôt septuagénaire ne s’économise pas. Mais maintenant, il serait temps de donner un successeur à “No Time For Dreaming”. Histoire d’entendre de nouveaux titres sur scène…


Franck Cochon
Photos © Cutymike