;
Chroniques / 04.09.2020

Joy Denalane, Let Yourself Be Loved

Ça a beau être une licence, ce “Let Yourself Be Loved” fait honneur à l’étendard Motown sous lequel il est publié. Non pas une énième série de reprises sorties de la naphtaline mais bien un album de nouvelles chansons soul soigneusement élaborées à base d’ingrédients de choix. Au centre, une belle basse solide et chantante dans la lignée de James Jamerson, autour, un joli déploiement de groove arrangé (cordes et cuivres sont de mise) sur lequel le chant fluide et investi de Joy Denalane n’a aucun mal à exposer ses thèmes classiques centrés sur la relation amoureuse et l’acceptation de soi.

Pour son premier album anglophone depuis “Maureen” en 2012, l’artiste allemande a donc mis de côté l’approche neo soul et hip-hop soul qui l’avait révélée (on se souvient du très Lauryn Hill “Born & Raised” en 2006). Le résultat, certes un peu sage, a le mérite de couler de source sans se soucier des sons du moment, grâce à des structures de chansons attentives au déroulé du récit, parées pour la mise en orbite d’un refrain. Les accélérations de tempos sont fréquentes et une touche funk se fait plus marquée ici et là (via un clavinet, une vieille boîte à rythme superposée, ou façon Hi Records sur Stand). Un enchaînement de duos, l’un avec C.S. Armstrong, l’autre avec BJ The Chicago Kid, drape le début de programme dans un élan majestueux.

L’apport des chœurs est souvent déterminant pour faire grimper l’intensité, c’est flagrant sur le saisissant Top of my love dont la mélodie s’imprime durablement. Un clavier carillonnant souligne les sages conseils de Let yourself be loved, Put in work s’avance d’abord doucement sur des braises à la manière de Macy Gray, puis bascule, guidé par un abattage digne d’Aretha. Joy Denalane sait tirer parti de recettes toujours goûteuses. 

Nicolas Teurnier

Note : ★★★½
Label : Motown
Sortie : 4 septembre 2020

BJ The Chicago KidC.S. ArmstrongJoy DenalaneMotownNicolas Teurnier