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Brèves / 03.08.2007

Décès de Jimmy « T-99 » Nelson

Les rangs des blues shouters « historiques » sont de plus en plus clairsemés après le décès récent de H-Bomb Ferguson et, maintenant, celui de Jimmy Nelson, victime d’un cancer le 29 juillet dernier à Houston.
Il était né le 7 avril 1928 (ou en 1919 selon certaines sources) à Philadelphie. Dans les années 1940, il avait rejoint son frère (connu sous le nom de Redd Lyte au sein du Johnny Otis Show) en Californie. C’est là qu’il eut l’occasion de voir et d’entendre Big Joe Turner. Impressionné et séduit par cette approche du blues, il décida de s’en inspirer pour se lancer dans le show business.
Il débuta à la fin des années 40 en enregistrant deux 78-tours pour l’obscur label Olliet et en se produisant avec le Peter Rabbit Trio, de quoi attirer l’attention des frères Bihari qui signèrent Nelson sur RPM. Ils n’eurent pas à regretter leur choix puisque le premier disque, gravé en 1951 à Oakland, allait faire un malheur. T-99 blues (en référence à la Highway 99 qui traverse le Texas) se hissa à la première place des hit-parades R&B en juillet 1951, rendant célèbre du jour au lendemain celui qui s’appellerait désormais Jimmy « T-99 » Nelson. Ce succès lui valut d’entreprendre des tournées avec Joe Liggins et Roy Milton et de se produire dans les music-halls les plus célèbres du circuit, comme l’Apollo et le Howard.
Les singles suivants connurent un sort moins envieux, même si Meet me with your black dress on ne passa pas inaperçu.
En 1955, après avoir enregistrer un 45-tours pour Chess, il épousa Nettie et s’installa définitivement à Houston, Ses tentatives discographiques (pour Music City, Kent, All Boy, Paradise, etc.) se révélant décevantes et sans lendemain, il préféra la sécurité d’un emploi dans la construction tout en continuant à écrire des chansons, à se produire occasionnellement et même à enregistrer pour le sulfureux producteur texan Roy Ames (Home Cooking), notamment en compagnie du saxophoniste Arnett Cobb.
Mais c’est surtout le label anglais Ace qui remit son nom à l’honneur dans les années 1980 en réunissant sur album son œuvre pour RPM, y compris de nombreuses faces inédites. C’est ce qui lui valut de se produire en Europe, comme à Utrecht en 1988 et 1991.
Ce n’est pourtant qu’en 1999 qu’il reprit le chemin des studios, en gravant pour Rounder/Bullseye un très réussi « Rockin’ And Shoutin’ The Blues », en compagnie de Clarence Hollimon (g), Gordon Beadle (sax) et Matt McCabe (p). Un des titres de l’album, I’ll miss your show business, impressionna tellement Elvis Costello qu’il décida de le diffuser à la fin de chacun de ses concerts, lors de sa tournée mondiale en 2003. Bel hommage d’un songwriter !
Un an avant était paru un nouvel (et dernier) album de Jimmy Nelson, « Take Your Pick », sur le label Nettie Marie (sans doute un hommage à son épouse), avec le soutien de Duke Robillard qui ne pouvait rester insensible au talent de cet authentique blues shouter.