Mr R&B and the Rhythm & Blues Revival
18.09.2025
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Bon sang, quel choc ! Avec ce nouvel album paru discrètement au milieu de l’été, l’Américain confirme son regain de combativité, déjà perceptible lors de sa tournée européenne de fin 2024. Entre les séquelles d’un Covid long puis les douloureuses semaines à accompagner sa mère en fin de vie, sa conception ne fut pourtant pas un long fleuve tranquille. D’où le choix de limiter son entourage à quelques proches (Brooks Milgate aux claviers, Brad Hallen à la basse, Fabrice Bessouat à la batterie), réunis au sein du cocon protecteur du Greaseland Studio du magicien Kid Andersen (production, enregistrement, mixage, mastering ; une merveille de chaleur et d’intimité).
En résulte un set brûlant et généreux : 13 titres, 6 originaux et 7 reprises transfigurées empruntées à Aretha (Good to me as I am to you dans une terrassante version instrumentale), Bob Dylan ou Robert Johnson, mais aussi Rick Estrin ou Mudcat Ward pour une touche plus contemporaine. L’accompagnement est stellaire, mais ce qui sidère, c’est la mise à nu des souffrances de Welch, son hypersensibilité passée au tisonnier. Cet homme ne joue pas, il se consume… Il exhale de ses faces un sens du tragique, un goût de cendres et de désastre imminent qui font froid dans le dos.
Dans son combat tellurique contre la douleur, Welch s’affirme comme l’un des plus grands guitaristes de blues électrique, toutes périodes confondues. Ses phrases palpitent, vibrent, grognent, secouent, emportant l’auditeur dans un maelstrom émotionnel qui l’élève au même niveau qu’un Freddie King (l’intensité, la hargne) ou qu’un Otis Rush (le lyrisme, l’expressionnisme haletant). Mixée très en avant, sa voix puissante et déclamatoire, à la limite de la rupture, sublime des histoires de chutes, de séparations, de tombeaux, d’enfer. Des histoires de blues…
Ulrick Parfum
Note : ★★★★★ (Le Pied!)
Label : Autopublié
Sortie : 8 août 2025
CD disponible directement auprès de l’artiste ici.