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Live reports / 17.09.2025

Angela Grey, Baiser Salé, Paris, 2025

28 août 2025.

Dans un Paris estival à la vie musicale ralentie, c’est un plaisir de retrouver Angela Grey dans le cadre cosy du Baiser Salé. Depuis son installation parisienne il y a quelques années, la jeune chanteuse new-yorkaise n’a cessé de se faire remarquer, et ses prestations régulières, à la fois pour ses propres concerts et en tant qu’animatrice de jam sessions, lui ont acquis un public de fidèles et de curieux, qui remplissent copieusement la petite salle. Pour l’occasion, la soirée est structurée en deux parties : d’abord un concert autour du répertoire de Billie Holiday, puis, dans le cadre du Festival Estival de Jams du lieu, une jam ouverte aux musiciens de passage. 

C’est avec un trio ancré par son partenaire de scène régulier Gustave Reichert à la guitare (avec Manu Falla à la basse et Malte Arndal à la batterie) qu’elle se présente et ouvre avec « la première chanson qu’on apprend en cours de jazz », All of me, dont elle donne une version espiègle. Elle propose ensuite une promenade entrecoupée d’anecdotes dans le répertoire de Billie Holiday, privilégiant les morceaux les plus légers du répertoire de celle-ci (Blue moon, I’ll be seeing you…) plutôt que ses ballades tragiques et glissant au milieu des standards les plus attendus quelques perles moins évidentes comme East of the sun (And west of the moon). Sans surprise, elle décline une request venue du public pour Strange fruit, pointant sa couleur de peau pour expliquer son refus – qui ne surprendra pas ceux qui suivent ses réflexions sur Instagram. 

Vocalement, le style d’Angela Grey, avec sa voix acidulée, n’a que peu à voir avec celui de l’inspiration de la soirée, mais son charisme, son naturel et son humour lui permettent de faire passer sa lecture personnelle des différentes chansons, confirmant son statut de grande interprète de standards. En fin de set, elle délaisse ponctuellement le répertoire d’Holiday et offre sa lecture de What a wonderful word – qui enchante la partie la plus touristique du public ! – puis un joli medley blues qui commence par le Evil gal blues de Dinah Washington, passe par Shake that thing et se conclut sur Everyday I have the blues.

Après la pause, elle reprend le micro pour quelques titres puis lance la jam, invitant différents musiciens et chanteurs présents dans la salle à rejoindre la scène et se concentrant sur son rôle d’animatrice et de facilitatrice. Les contraintes de la vie réelle m’interdisent de poursuivre la soirée jusqu’à son terme, mais je ne doute pas d’avoir bientôt l’occasion de réentendre Angela Grey sur une scène parisienne. 

Texte et photos : Frédéric Adrian