Big Dave & The Dutchmen
19.08.2025
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L’archéologue-DJ Mark Armstrong continue inlassablement d’exhumer des trésors blues, R&B et doo-wop de son inépuisable collection de 45-tours, sauvés de l’oubli par son obsession à vouloir ramener dans la lumière artistes oubliés et titres mythiques de ces glorieuses fifties qui virent le rhythm and blues faire danser l’Amérique.
Il conclut ainsi la série “Hi Strung R&B” avec quatre nouveaux volumes proposant chacun 28 titres hautement énergisants qui, au-delà de la préoccupation d’appel à la danse, tracent une histoire réjouissante d’une certaine musique afro-américaine dans un pays alors euphorique. C’est une période où les racines du rock ’n’ roll sont plantées, parfois par d’illustres inconnus comme Jimmy Preston et son Let’s hang out tonight (1950), Bob Williams et son On a honky-tonk hardwood floor (1951), la pianiste Del Thorne avec I let him move me (1952), ou alors par de futures stars comme Little Richard avec Taxi blues (1951), Lowell Fulson et son Cash box boogie (1954) et B.B. King et Take a swing with me (1950).
Les gros labels indépendants sont bien sûr de la partie et, que ce soit King, Specialty, Imperial ou Aladin, inondent le marché de titres dansants comme avec ce Dance with Mr. Domino de Fats Domino, Justine de Don and Dewey (avec Earl Palmer à la batterie et René Hall à la guitare), ou encore Nursery rhyme rock de Wynona Carr (avec l’orchestre de Bumps Blackwell). Les jeunes Blancs qui s’ennuient dans leurs banlieues proprettes ou leur campagne isolée vont bien sûr entendre sur leur poste de radio écouté à l’insu de leurs parents cette musique joyeuse, dansante et libératrice, la vague du rock ’n’ roll va alors submergé l’Amérique !
Pour d’ailleurs définitivement effacer toute ambiguïté sur les origines afro-américaines du rock ’n’ roll, Koko Mojo prolonge sa série “Boss Black Rockers”, riche de vingt (!) épisodes, par une thématique “Boss Black Intrumentals” déclinée en trois premiers volumes. Guitares énervées, saxophones hurlants, orgues maltraités et batterie hypnotique, le R&B ne s’encombrait pas toujours de paroles pour faire monter la température en club ou sur les ondes. Les noms cette fois sont un peu plus familiers, mais les titres choisis le sont souvent beaucoup moins, tel The big push de Cal Green et Dynamite d’Earl Hooker, Steady de Jerry McCain et Flying saucer de Little Walter, ou encore Air raid de Curley Hamner et Drum village d’Earl Palmer pour les batteurs. Une mine semble-t-il inépuisable de culture musicale… et d’appels à la danse, préoccupation majeure, ne l’oublions pas, des artistes de l’époque.
Éric Heintz
• Hi Strung R&B – Vol. 7 à 10
• Boss Black Instrumentals – Vol. 1 à 3
Note : ★★★★
Label : Koko Mojo
Sortie : 2025