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Live reports / 23.04.2025

Clélya Abraham, New Morning, Paris, 2025

2 avril 2025.

Après avoir longtemps fait partie des trésors cachés de la scène musicale française, la sortie en 2022 de son premier album, “La Source”, a permis à la chanteuse et pianiste Clélya Abraham de se faire remarquer par un plus large public, et c’est un New Morning bien rempli en configuration assise qui l’attend pour ce concert dédié au répertoire de son nouveau disque, “Atacama”. Laissons à la première partie, dont la musique hermétique et l’attitude me sont totalement passées au-dessus – une partie du public a semblé apprécier – le bénéfice de l’anonymat. 

Le temps d’un court entracte, et c’est Abraham qui entre la première sur scène, suivie par ses musiciens, qui sont ceux de l’album : Samuel F’hima à la contrebasse, Kévin Lazakis à la guitare et Ananda Brandão à la batterie. Étrangement installée sur scène, avec le piano de trois quarts, Abraham tourne le dos à une bonne partie de la salle, qui ne peut non plus suivre ses mains sur le clavier, mais cela lui permet sans doute de s’immerger, et nous aussi, dans sa musique. Ce sont Sérénité et Sao Paulo, deux des compositions les plus séduisantes d’“Atacama”, qui ouvrent le concert, qui revisite ensuite une bonne partie du disque. 

Si le registre est essentiellement instrumental, Abraham accompagne régulièrement la mélodie de sa voix, avec des vocalises atmosphériques – pas de mots, juste des syllabes suggestives – qui viennent enrichir son univers d’une couche onirique supplémentaire. Elle s’offre un détour par le format chanson, comme sur le disque, avec le très beau I keep moving, qui donne l’envie de l’entendre plus longuement dans ce cadre. Sonny Troupé et son tambour la rejoignent sur scène pour un duo complice sur un titre du premier album. Il reviendra un peu plus tard pour le final sur le “tube” du disque, Péyi, dédié à la Guadeloupe. Si ce sont évidemment Abraham et sa musique qui sont au cœur du concert, elle bénéficie de l’appui d’un trio tout à fait en osmose, au sein duquel la batteuse Ananda Brandão – dont le quartet Ninanda commence à se faire remarquer sur la scène jazz parisienne – attire particulièrement l’attention par son jeu propulsif. 

L’ensemble, très cohérent, confirme en tout état de cause que Clélya Abraham fait partie des artistes les plus intéressants de la scène française d’aujourd’hui et que sa musique, sur disque comme sur scène, mérite d’être suivie. 

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Éric Cheylan