Jade MacRae aura mis beaucoup d’elle-même dans ce quatrième album, résumé d’une pénible séquence Covid durant laquelle elle se retrouva bloquée aux États-Unis, sans possibilité d’exercer son activité professionnelle ni de rejoindre sa famille en Australie. Seul refuge à sa santé mentale : l’écriture de ces dix chansons dont l’enregistrement, réalisé aux quatre coins du monde dans les interstices de ses tournées avec Joe Bonamassa, ne correspond pas franchement à son amour du présentiel… À l’écoute, il n’en transparait rien. Mieux, il se dégage de ce recueil un sentiment d’apaisement et de sérénité bien éloigné des péripéties qui entourèrent son élaboration.

On y retrouve les qualités qui nous avaient déjà fait fondre sur “Handle Me With Care” : sa voix, tout d’abord, claire, souple, au placement rythmique alangui, mais capable de stupéfiantes montées en tensions (le blues Early in the morning, l’un des morceaux les plus puissants du set, ou le bouillant How can we live, dans lequel elle tutoie les étoiles) ; la qualité de son répertoire ensuite, dans un registre soul funk teinté de pop, huilé à l’orgue (B3, Wurlitzer) et enrobé de cuivres chaleureux, à la fois léger et essentiel, tout sauf superficiel ; la pertinence des arrangements, en particulier les chœurs qui, loin d’être accessoires, offrent de délicieux contrepoints à la mélodie principale et font partie intégrante des compositions ; l’à-propos des accompagnateurs qui s’expriment par petites touches, renforçant le caractère aérien de la production (mention spéciale à Kirk Fletcher, présent sur 5 titres, et au bassiste-bras droit Ben Rodgers). Un trésor d’album qui fait résonner avec grâce ses émotions et devient plus prenant à chaque écoute. 

Ulrick Parfum

Note : ★★★★½
Label : Autopublié
Sortie : 30 août 2024