Ils nous quittent : Cool John Ferguson, Earl “The Pearl” Banks, Bobby Whitlock, Spencer Taylor Jr, Johnny Tucker, Dave “Baby” Cortez…
19.09.2025
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Éloigné des studios depuis le début des années 1990 par choix, il restait une des personnalités majeures du circuit soul, sa silhouette iconique, tout de blanc vêtue, avec une casquette de baseball, arpentant les scènes des plus grands festivals américains – New Orleans Jazz & Heritage, Essence… – jusqu’à sa retraite il y a quelques mois.
Né à Philadelphie le 6 décembre 1946, Howard Beverly – qui emprunte son prénom professionnel à son idole Frankie Lyman – commence à chanter à l’église avant de monter son premier groupe, un ensemble a cappella baptisé les Blenders, suivi des Butlers, avec qui il enregistre à partir de 1963 et toute la décennie une série de singles pour différents labels essentiellement locaux comme Guyden, Phila, Sassy et Gamble.
Au début des années 1970, le groupe se rebaptise Raw Soul et se relocalise en Californie où il continue de publier ponctuellement des 45-tours sans grands souvenirs. Découvert par Marvin Gaye, qui l’invite à assurer la première partie de sa tournée américaine de 1976 – Beverly est d’ailleurs crédité aux percussions sur le “Live At The London Palladium” de Gaye – et lui suggère d’adopter le nom Maze, le groupe voit sa carrière décoller rapidement et signe, avec l’appui de Gaye, avec Capitol, qui publie en 1977 leurs premiers singles classés et un album, “Maze featuring Frankie Beverly”.

Bien que le groupe ne décroche que des tubes modestes (il ne sera que deux fois classé au sommet des charts R&B, avec Back in stride et Can’t get over you, en 1985 et 1989 respectivement, et seuls quatre de ses singles entrent dans le Hot 100), il ne tarde pas à se créer un public fidèle, qui achète ses albums (les huit disques studios du groupe entrent dans le top 10 des albums soul, dont deux au sommet, et connaissent également un succès grand public conséquent) et va les voir en concert, d’autant que l’ensemble bénéficie d’une excellente réputation scénique, dont témoigne deux albums live, l’incandescent “Live In New Orleans” gravé en 1980 au Saenger Theatre – sans doute un des plus grands disques en public, tous genres confondus – et un “Live In Los Angeles” également très réussi.
Après un dernier album en 1993, “Back To Basics”, et malgré le succès de celui-ci, Beverly décide cependant de renoncer à sa carrière discographique et de se concentrer sur la scène, considérant que les fans du groupe souhaitent essentiellement entendre ses anciennes chansons. Viscéralement attaché à Maze, dont il est également le producteur et le principal auteur-compositeur, Beverly ne semble pas avoir enregistré sans ses partenaires. En 2009, il participe à “Silky Soul Music: An All Star Tribute to Maze Featuring Frankie Beverly”, un projet organisé par son fils auquel participent des admirateurs comme Musiq Soulchild, Mary J. Blige et Ledisi. Il donne l’année suivante son premier concert en France, devant un Bataclan en fusion. Le festival Essence, à La Nouvelle-Orléans, lui avait rendu cet été un vibrant hommage en sa présence, quelques mois à peine après la fin d’une tournée d’adieu, tandis que ses anciens partenaires se produisent désormais sous le nom de Maze Honoring Frankie Beverly, continuant à faire vivre ses classiques, de Happy feelings à Golden time of day en passant par Joy and pain et Before I let go.
Texte : Frédéric Adrian
Photo d’ouverture © DR / Collection Gilles Pétard
