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Live reports / 23.03.2012

17e Nuit du Blues

 

Sur le papier, un programmateur organise sa soirée crescendo. Essai transformé d'un point de vue du volume sonore, pas tout à fait côté émotions.

 
Laurent Choubrac (Westbound)

En ouverture, les Normands de Westbound jouent à domicile. En confiance, ils ne prennent pas de risques. Ils maîtrisent sur le bout des doigts leurs enchaînement rapide-lent, folk-blues, grave-léger. Bon rythmicien, le guitariste et chanteur Laurent Choubrac cultive sa nonchalance et garde toujours un pied sur le frein. On aimerait soit qu'il ouvre plus franchement les portes des grands espaces américains, soit qu'il durcisse le ton et soit plus “méchant”. Curieusement, le groupe n'est revenu pour aucun rappel. Il fallait sans doute lâcher les chevaux plus tôt.


Roland Tchakounté

Roland Tchakounté, lui, joue en costaud. Sa diction frappe la première. Pétaradante, explosive, compacte. Des phrases courtes, comme celles de son maître, John Lee Hooker. Avec son physique à la Buddy Guy et des morceaux hypnotiques dignes d'Otis Taylor, cela fait beaucoup de références. Mais la promesse de mélanger blues d'Afrique et d'Amérique est tenue, au-delà des espérances même. Parce que ses accompagnateurs sont de solides bluesmen. Parce que les commentaires politiques de Roland entre ses morceaux actualisent comme il se doit le message des anciens esclaves du Delta. Artiste d'ici et d'aujourd'hui, Français et Camerounais, Roland Tchakounté sonne juste et vrai. Une pleine réussite.

 
Shemekia Copeland

Dès les premières notes du groupe de Shemekia Copeland, on sait que son show à l'américaine n'aura pas que des bons côtés : nos oreilles souffrent sous les décibels et peinent même à distinguer la voix de la jeune femme. Trois morceaux plus tard, c'est un peu mieux, mais Shemekia reste en pilotage automatique, coincée entre quatre musiciens sans doute très pros, mais alors un peu trop. Moi qui croyait qu'elle avait teinté son blues d'une bonne dose de rhythm, je suis déçu. Et le clou de son spectacle est le même que celui dont j'avais gardé le souvenir : un passage a cappella qui démontre toute sa puissance vocale. Tout ça pour ça.
Julien Crué
Photos © Marjorie Janetaud