;
Brèves / 23.10.2018

Made In, le disquaire multi-faces

Toulouse. À deux pas de la Place de la Bourse, les compteurs s'affolent. Près de 10 000 vinyles se vendent au cœur d'une boutique pas comme les autres : “Made In”, un disquaire-café qui nourrit ses clients avec des notes de blues et quelques tapas régionaux. Découverte d'un lieu qui creuse doucement mais sûrement, son sillon.

 

 

Dès l'entrée, le contraste est saisissant. Sous l'œil d'un poster du “Super Blues Festival” réunissant Lowell Fulson et Phillip Walker, une ardoise fixée sur un mur de briques affiche ses ambitions : « Ici, il faut manger pour picoler ! » Le ton est familier et assumé. C'est l'esprit qui habite le lieu, assez unique à Toulouse, deuxième ville de France en nombre de disquaires indépendants. Pour exister, pas d'autre choix que de se différencier. Chez Made In, on écoute, parle, échange autour de la musique comme on sert un verre de vin au comptoir : avec le sourire. À l'origine du projet, trois associés. Parmi eux, Patrick Derrien, la cinquantaine débonnaire. « Boire un café, manger un morceau tout en fouillant dans les bacs à vinyles, c'était une vraie demande des clients. Du coup, nous avons sauté le pas, et ça marche plutôt bien », explique le Breton, débarqué à Toulouse au début des années 80. 

 

 

 

 

« Mad In, c'est avant tout un lieu de rencontre et d'échange » dans lequel Patrick Derrien prend sa mission très à cœur. « Partager le savoir et les connaissances, c'est ma définition du métier de disquaire », explique ce grand voyageur passé par l'Afrique et les États-Unis, tombé très tôt dans la marmite. « Tout a commencé à 14 ans avec un vinyle de Serge Gainsbourg, L'ami caouette, un truc un peu cucul. Sur l'autre face, il y avait Le cadavre exquis. Une vraie claque. J'ai poussé la porte d'un disquaire pour en savoir plus. La discussion a débordé sur Boris Vian, le jazz, la musique noire, et je suis reparti au final avec le vinyle I'm a king bee de Slim Harpo. Nouvelle claque. Le démon du blues n'allait plus me quitter. »

 

 

 

 

Des concerts en 2019
C'est chez les disquaires de la ville rose que Patrick Derrien a complété sa culture musicale déjà bien sourcée, s'initiant notamment au hard bop et au funk dans une petite boutique baptisée alors Made In Jazz, qu'il allait racheter quelques années plus tard. Depuis, les murs ont changé de couleurs, comme le catalogue, nourri désormais de musique africaine, de soul et de blues, forcément. Mais pas n'importe comment. « Nous ne travaillons pas avec les grosses maisons de disques, par choix. Nous avons surtout des contacts aux États-Unis, avec le réseau Fat Possum, des petits labels indépendants. Nous allons notamment distribuer à la rentrée le nouvel album de Cedric Burnside, une vraie perle ! »

 

 


Charlotte Nguyen et Patrick Derrien

 

Avec 230 m2 sous plafond, Made In peut voir la vie en grand. Des expositions sont programmées, avec l'envie également d'organiser des concerts de blues dans les deux caves qui seront ouvertes en 2019. Quelques noms trottent déjà dans la tête de Patrick Derrien : « Terry Harmonica Bean, le Suédois Bror Gunnar Jansson, ou le Français Pascal Pinède. L'idée, c'est de faire entendre les artistes d'aujourd'hui qui font encore passer ce qu'est le blues. » Avec ceci ? Un café, l'addition. Et la passion, offerte par la maison.

Mathieu Bellisario
Photos © Frédéric David

• Made In
7 bis rue Cujas
31000 Toulouse
09 83 60 90 87
facebook.com/MadeInCafeDisquaire