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Brèves / 09.03.2018

Theo Lawrence & the Hearts, premier album

Ce jeune quintet francilien sort aujourd’hui “Homemade Lemonade” et c’est une franche réussite. Si bien que l’on publie ici en avant-première notre chronique qui figurera – ainsi qu’une interview – dans notre prochain numéro (en kiosques le 16 mars).

THEO LAWRENCE & THE HEARTS
HOMEMADE LEMONADE

BMG 1458 / Warner
(4 étoiles)

Pourquoi dissocier la soul de la country, le blues du gospel, le rock du western swing quand on sait combien sont forts les liens qui les unissent ? Encore faut-il être capable de ne pas s’embourber dans ce richissime terreau du Sud. Ça fait un bail que cet art du dosage racinien n’est plus l’apanage d’un banc de requins sévissant entre Nashville, Memphis et Muscle Shoals, mais de là à s’attendre qu’un tout jeune quintet francilien le pratique avec une telle pertinence… Theo Lawrence & the Hearts ne jouent pas aux Américains, ils façonnent leur propre son en laissant s’exprimer une connaissance profonde et sincère d’un héritage qu’ils ne cessent de dévorer d’un appétit gargantuesque. Ça s’entend dans ce florilège de guitares subtiles, grainées, slidées, griffées ou effleurées, ça s’entend dans cette souplesse rythmique bondissante d’engagement. Ça s’entend aussi dans ces bons vieux claviers habités, orgue Hammond en tête, et ça s’entend bien sûr dans l’atout phare du groupe : le chant de Theo, impressionnant de maîtrise sur le terrain délicat de la ballade country-soul. Un sens du placement traînant, de la retenue et de la tenue de note qui fait merveille sur de belles compos empreintes d’une certaine mélancolie chaleureuse. Des titres comme Search your heart, My sunshine is dead et Count me in tomorrow se passent de comparaisons tant ils imposent une personnalité propre. Les Cœurs savent aussi s’emballer en rockant bluesy façon Stax et Alabama Shakes (Chew me up, Sucker for love ou le tubesque Never let it go) et laissent transparaître leur passion du son à travers un panel de petits ornements dont se nourrissent les arrangements. Si A house but not a home, Elvis dans l’âme, illustre une autre direction possible, il rompt un peu la dynamique et l’unité de l’ensemble. Infime réserve face à ce débordement de talent. À l’entame de leur vingtaine, ces gars-là ont déjà tous les ingrédients en main et une bonne partie de la recette pour vibrer comme ils l’entendent. Vivement la suite.

Nicolas Teurnier

 


Thibault L. Rooster (dm), Olivier Viscat (b), Nevil Bernard (kbd), Theo Lawrence (vo, g), Louis-Marin Renaud (g). © Agnès Clotis