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Brèves / 20.02.2018

Little Sammy Davis, 1928-2018

Assez peu connu, le chanteur et harmoniciste Little Sammy Davis avait attendu le milieu des années 1990 pour enregistrer son premier album. Mais depuis le début des années 1970, il faisait partie des personnages respectés de la scène du blues de New York. Il vient de s’éteindre le 16 février 2018 à l’âge de 89 ans. Né le 28 novembre 1928 à Winona (Mississippi), à 40 kilomètres à l’est de Greenwood, il s’initie à la musique avec sa grand-mère et apprend l’harmonica à 8 ans. Il s’installe ensuite en Floride, où il se produit dans la région de Miami, où il travaille également dans des vergers et dans des scieries. Il prend part à des spectacles itinérants et intègre un groupe dont font également partie en même temps Pinetop Perkins, Albert King et Earl Hooker !

Il signe ensuite ses premières faces à Miami avec Earl Hooker, en avril 1953 pour le label Rockin’ (certaines sources citent l’année 1952, ce qui semble erroné) : il joue notamment de l’harmonica sur Sweet angel (Original sweet black angel), célèbre reprise de Robert Nighthawk grâce à laquelle Hooker s’impose en maître de la slide. Il grave également six faces – dont une reste inédite – sous le nom de Little Sam Davis, toujours avec Hooker à la guitare. En juillet de la même année, cette fois à Memphis pour la marque Sun, certains spécialistes affirment qu’il joue de l’harmonica avec Pinetop Perkins et Earl Hooker sur (Talkin’) Off the wall et une prise coupée de Off the wall, mais selon d’autres il pourrait s’agir de Walter Horton ou Joe Hill Louis… Il visite également Chicago, où il côtoie Little Walter, Jimmy Reed et Muddy Waters. En tout cas, ces débuts ne suffisent pas pour réellement lancer sa carrière discographique.

Après pratiquement deux décennies d’éclipse, il réapparaît en 1971. Désormais résident new-yorkais, il se fait appeler Harmonica Sammy Davis et réalise quelques titres pour Trix, puis quelques autres l’année suivante, avec Eddie Kirkland en leader. Le décès de son épouse se traduit par une nouvelle longue traversée du désert. Mais au début des années 1990, comme il continue de se produire localement, il attire l’attention d’un animateur radio, Doug Price, et de deux musiciens, le batteur Brad Scribner connu sous le nom de Midnight Slim, et son frère Fred, guitariste, compositeur et producteur. Grâce à eux, Davis participe à des émissions de radio et tourne au-delà de la région, et en 1995, il sort l’album ”I Ain’t Lyin’” chez Delmark, nominé au Blues Awards et récompensé du Comeback Artist of the Year Award par le magazine Living Blues.

 

 

En 2002, Davis fait l’objet d’un film d’Arlen Tarolfsky, Little Sammy Davis, puis en 2005, il rencontre Levon Helm, le batteur et chanteur du Band, et les artistes signent ensemble “Levon Helm Band Starring Little Sammy Davis: The Midnight Ramble Sessions Volume One”. Trois ans plus tard, accompagné de Midnight Slim, Davis sort “Ten Years And Forty Days”. Désormais âgé de 80 ans, il est victime d’une attaque cardiaque dont il se remet, et début 2009, il enregistre un autre disque avec Midnight Slim, “Travelin’ Man”. Hélas, peu après, une autre attaque le laisse partiellement paralysé et l’oblige à se retirer définitivement. Il passe ses dernières années dans une maison de repos. Little Sammy Davis nous laisse le souvenir d’un harmoniciste au son rugueux, en contraste avec sa voix tranquille un peu traînante.

Daniel Léon