;
Brèves / 26.10.2016

Seasick Steve, triste dérive

Hier soir, nous étions donc le 25 octobre 2016, le magazine musical Alcaline diffusé chaque soir sur France 2 après le journal de 20 heures s’arrêtait notamment sur le parcours de Seasick Steve. Un artiste qui, écumant depuis quelque temps les festivals de blues, aurait suivi le parcours soi-disant propre aux bluesmen, soit une existence dans le sud faite de vagabondage, de misère, de petits boulots, et qui se serait évidemment confectionné sa première guitare à partir d’une boîte de cigares… Selon cet article du Guardian paru fin septembre, une biographie officieuse signée Matthew Wright (Seasick Steve: Ramblin’ Man) et d’autres éléments qui nous sont parvenus depuis cette date, il semblerait que la réalité soit très différente. Tout d’abord, Seasick Steve, originaire d’Oakland en Californie vers 1941, aurait en fait dix ans de moins. Ensuite, son parcours ne serait pas passé par le Mississippi, puisqu’il apparaît en fait durant de longues années comme producteur et musicien de studio pour différents groupes de la côte Ouest, dans un registre qui n’a rien à voir avec le blues ou le folk… Bien entendu, il ne s’agit pas de juger ici la qualité de la musique de cet artiste, d’autant qu’il est sans doute « aidé » par son entourage, mais qu’il ait usé de stratagèmes pour se glisser dans la peau d’un personnage qui n’est pas le sien – en l’occurrence le bluesman authentique que l’on vient voir comme une bête curieuse – apparaît franchement discutable. Car franchement, et c’est le plus condamnable, il serait temps que certains arrêtent d’essayer de tirer profit du blues en véhiculant de tels clichés éculés et ridicules. Tout comme il serait temps que certains médias fassent preuve d’un peu plus de discernement en préparant leurs sommaires. Car il y a effectivement de quoi donner le mal de mer…
Daniel Léon