;
Brèves / 21.04.2016

Prince, 1958-2016

Il neige parfois en avril… On avait beau avoir entendu, sans y prêter une attention particulière, les rumeurs autour de ses problèmes de santé et l’information de son hospitalisation en urgence de la semaine passée, la nouvelle du décès de Prince, apprise en fin de journée ce jeudi 21 avril, nous laisse le souffle court. Rien dans le comportement ces derniers mois de celui qu’on appelait encore sans ridicule, à cinquante-sept ans passés, le Kid de Minneapolis, ne pouvait laisser penser que l’histoire, commencée presque quarante ans plus tôt avec la parution d’un premier album passé à peu près inaperçu, allait s’arrêter là.

 

 

Il n’est pas temps ce soir de revenir de façon posée sur le parcours incroyable de celui qui a marqué d’une patte unique la musique de la fin du siècle précédent et dont l’influence dépasse de loin le domaine des musiques afro-américaines, même entendu dans son sens le plus large. En attendant une nécrologie qui reviendra sur la carrière de Prince, place aux souvenirs et aux images : de l’étrange personnage qui s’affiche en sous-vêtements sur la couverture du scandaleux « Dirty Mind » au jazzman explorateur de « The Rainbow Children », impossible de résumer en quelques mots – ou, pire encore, en quelques tubes – une œuvre qui a brassé, au fil des années, les genres et les étiquettes – jazz, soul, funk, pop, rock, gospel, électro, hip-hop, pour résumer, et même la country, au moins le temps d’un passage épique au Muppet Show ! – au service d’une créativité protéiforme qui ne peut, sans doute, se comparer qu’à celle de Stevie Wonder.

 


Au New Morning à Paris, la nuit du 22 au 23 juillet 2010 © Stella K

 

S’il semblait avoir quelque peu perdu le fil de son œuvre discographique depuis le début du nouveau millénaire, malgré quelques fulgurances, il restait un artiste de scène incroyable, capable de remplir vingt et une fois l’immense O2 de Londres en quelques semaines en 2007, comme de faire exploser un New Morning plein à craquer un soir d’été 2010. Son répertoire pouvait lui permettre d’assurer trois soirs de suite des shows de deux heures au North Sea Jazz festival de Rotterdam en 2011 sans jamais jouer deux fois la même chanson… Toutes les bonnes choses, paraît-il, ne durent pas.
Frédéric Adrian