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Brèves / 08.02.2016

La Velle, 1944-2016

La chanteuse La Velle nous a donc bien quittés le 4 février 2016. Née Louise Lavelle McKinnie Duggan le 22 mai 1944 à Kankakee, au sud de Chicago, elle est issue d’une famille musicale, son père étant guitariste dans l’orchestre de Nat King Cole et sa mère chanteuse et danseuse au Cotton Club. D’une rare précocité, elle débute très jeune dans une chorale gospel à l’âge de seulement trois ans, apprend peu après le piano et apparaît à cinq ans au sein des Little Black Angels qui sont invités dans le Ed Sullivan Show. En 1955, elle n’a alors que onze ans, elle intègre l’American Conservatory of Music in Chicago, dont elle devient la plus jeune élève. Également passionnée de musique lyrique, l’adolescente s’adonne un temps au chant lyrique et interprète des œuvres célèbres comme Le Messie de Haendel, Tosca et Madame Butterfly de Puccini, Carmen de Bizet… Son souhait de faire carrière dans la musique la mène sur les scènes des grandes villes américaines, et elle poursuit ses études à New York où elle brille à la Julliard School of Music.


La Velle Project, 2014 © Jazz-Rhône-Alpes.com

Elle se fait ainsi connaître par le classique et l’opéra, se produit dans les salles européennes les plus prestigieuses, mais elle ne néglige pas pour autant différents styles de la musique populaire dont le jazz, le R&B et bien entendu le gospel. Ses collaborations les plus notables la voient aux côtés d’artistes de la stature de Ray Charles, Sammy Davis Jr., Lou Rawls ou autre Steve Allen, mais aussi de ces grands du jazz que sont Lionel Hampton, Buddy Rich, Maynard Ferguson et Quincy Jones. Peu à peu, elle oriente sa carrière vers la musique populaire et choisit l’Europe comme terre d’élection, s’installant en France en 1977 où elle enregistre son premier album, « Winter’s Mind », avec lequel elle parvient à se faire remarquer alors que la planète entière vit à l’heure du disco envahissant…

La Velle réalise quatre autres disques jusqu’au milieu des années 1980, tout en se consacrant beaucoup à des projets d’autres « expatriées » francophones, en tête desquelles figurent Liz McComb et Dee Dee Bridgewater. Après un album en hommage à Nat King Cole en 1990 – « Straight Singin’ – Tribute To Nat King Cole » –, elle est élevée deux ans plus tard au rang de Chevalier des Arts et de Lettres par Jack Lang, ministre français de la Culture. Infatigable, la chanteuse qui anime aussi des cours de chant est à l’origine de la création de plusieurs chorales gospel. Peu après, elle quitte la France pour vivre en Suisse à Saint-Cergue – elle y est d’ailleurs décédée –, où elle fonde et dirige une chorale. À la fin des années 2000, elle signe un retour remarqué sur disque comme sur scène : on se souvient ainsi non sans émotion de ses prestations lors de Jazz à Vienne en 2013, dans la cathédrale et au théâtre antique, durant lesquelles elle nous avait enthousiasmés avec sa complice – et encore francophone ! – Rhoda Scott… Cette grande vocaliste qui mériterait une meilleure reconnaissance nous manque déjà beaucoup.
Daniel Léon


À Vienne en 2013 © Brigitte Charvolin