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Brèves / 29.06.2015

Quand Vienne sonne creux

Ce qui frappe en arrivant au théâtre antique pour cette troisième soirée consacrée à La Nouvelle-Orléans, c’est la désaffection du public, tellement inhabituelle dans le cadre de ce festival… En effet, à peine un quart des travées sont occupées à l’heure du début des concerts. Ce n’est certes que le début du festival et nous éviterons les conclusions hâtives avant la fin  de l’événement. Mais il n’empêche, difficile de se concentrer sur les spectacles. Pourtant, l’affiche est de qualité. Davell Crawford, après des hommages à son grand-père Sugarboy Crawford – Jack-A-Mo – et à l’une de ses idoles Ray Charles – What’d I say –, s’est vite concentré sur l’hommage qu’il était censé rendre à Fats Domino. Et reconnaissons qu’il fit preuve de brio avec des versions enlevées de I’m walking et Ain’t that a shame, mais aussi de justesse sur les ballades inoubliables que sont Valley of tears et bien sûr Blueberry Hill. Virtuose exceptionnel, Crawford a su ne pas en rajouter pour honorer la mémoire du grand Fats.


Vienne, 28 juin 2015. © : Jean-François Lixon

Comment se lasser de la musique d’Allen Toussaint ? La voix semble inaltérable, d’une puissance naturelle sidérante pour un homme de soixante-dix-sept ans, le piano aérien sous ses doigts agiles. Le groupe qui l’accompagne est réduit – guitare, basse et batterie – mais compact et vecteur d’un groove exceptionnel de la première à la dernière note. Cette cohésion apparaît d’emblée (Happiness), se transforme en énergie (Yes we can can) ou bien en émotion (Motion). L’originalité est également au rendez-vous avec une superbe lecture instrumentale de St. James Infirmary. Impérial, l’inégalable Allen Toussaint, dont les capacités sont intactes, aurait mérité un meilleur accueil, et plus que jamais les absents ont eu tort…