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Brèves / 29.05.2015

Mel Waiters, 1956-2015

Décédé ce jeudi 28 mai dans sa ville de San Antonio au Texas où il était né le 25 juin 1956, le chanteur souffrait d'un cancer et n'était âgé que de cinquante-huit ans. Hospitalisé depuis quelques jours, il avait auparavant commencé un traitement tout en continuant à honorer ses engagements. Poids lourd du chitlin' circuit depuis quinze ans, Waiters était sur les routes tous les week-ends, à l'affiche de clubs, festivals et autres salles de concerts. Autant d'engagements contractés par l'agence de tournées du promoteur Rodgers Redding. Son spectacle était bien rôdé : orchestre impeccable en costume uniforme, tour de chauffe assuré par son excellente choriste Chandra Calloway, répertoire alliant classiques soul et titres personnels comme Got my whiskey, Girls nite out, The smaller the club… ou son succès du moment relayé par les radios sudistes et que le public connaît par cœur. Sans oublier une parenthèse spirituelle où le chanteur tiré à quatre épingles et au look étudié se muait en pasteur putatif.

Quittant la scène après avoir chanté son tube Hole in the wall, il se prêtait ensuite volontiers au bain de foule puis aux séances de dédicaces et autres poses photos, accessoirement d'excellents vecteurs de ventes parallèles pour ses disques et autres produits dérivés. Sans être un chanteur « naturel » de premier plan, Waiters avait créé une sorte de griffe musicale à laquelle son cœur de cible était particulièrement réceptif. Ancien DJ marqué principalement par la soul des années 1970, Waiters se lie d'amitié avec le chanteur Buddy Ace pour qui il écrit Hit it and quit it, un titre qu'il enregistrera finalement lui-même en 1995. Le succès régional de la chanson attire l'attention de Tommy Couch Jr., le patron de Malaco, qui prend immédiatement sous licence – via sa filiale Waldoxy – l'album suivant « Woman In Need » contenant la chanson phare Got my whiskey. Mais l'essai est magistralement transformé deux ans plus tard avec l'album « Material Things » (1999), qui révèle le tube Hole in the wall, titre évoquant ces clubs non officiels ouverts jusqu'au petit matin pour des afters où ne manquent jamais nourriture, boissons alcoolisées et blues dans le juke-box.


© : DR

Toute la formule de Mel Waiters est résumée ici, celle des chansons faisant ouvertement référence à une sous-culture populaire noire sudiste. Hole in the wall devient un standard du soul blues moderne, diffusé sur toutes les radios sudistes et même repris par la plupart des orchestres de tournées des artistes concurrents. Suivent quatre albums de bonne facture, espacés de deux à trois ans où le chanteur s'entoure de pointures comme l'ex-disciple de Freddie King, Butch Bonner. En prenant de la bouteille, le Texan s'ouvre d'ailleurs de plus en plus au blues (Bump and grind sur « Throw Back Days » notamment) et même à la country sur son ultime CD Waldoxy de 2010, un genre – à l'instar de nombreux artistes R&B sudistes – qu’il affectionne particulièrement. En fin de contrat avec Malaco, l'artiste choisit finalement l'indépendance en s'autoproduisant sur son propre label Brittney (prénom de son unique fille). Il multiplie alors les éditions discographiques au détriment de la fraîcheur, même s'il s'essaye en catimini au gospel le temps d'un « This Time For Jesus ». Scéniquement toujours très actif jusqu'à une période récente, il était néanmoins apparu amaigri et marqué. Nous lui avions consacré un portrait dans notre numéro 194 de mars 2009.
NB